Une écrivaine, devenue maîtresse dans l'écriture de soi, examine les coutures de la relation amoureuse, jusqu'au moment où la passion dérape. Camille Laurens publie ce mois-ci "Ta Promesse" chez Gallimard et invite à sa table une peintre franco-marocaine dont elle admire le geste: Najia Mehadji.
Avec
- Camille Laurens Ecrivaine
- Najia Mehadji Artiste plasticienne
«Au moment où s’ouvre ce livre, je romps une promesse. Lorsque je l’ai faite, c’est idiot, j’étais sûre que je la tiendrais.Enfin, idiot, je ne sais pas. La moindre des choses, quand on fait une promesse, n’est-ce pas d’y croire? » Les confessions de son personnage Claire ouvrent le dernier ouvragede Camille Laurens: elle dévoile le pacte qu'elle a scellé avec son compagnon Gilles au point culminant de leur histoire, des paroles échangées sur la confiance et l'écriture autour d'un dînerqui causeront sa perte.
L'amour est-il autre chose qu'une promesse qui s'envole avec lui?Avec "Ta Promesse", paru le 2 janvier chez Gallimard, Camille Laurens pose une ambitieuse énigme relationnelle à deux inconnues, à laquelle elle répond par un livre à la chronologie bousculée qui remonte le cours d'une histoire d'amour et de manipulation, au rythme de l'introspection de sa narratrice.
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Entre les deux femmes, des rapprochements sont possibles:Camille et Claire sont toutes deux écrivaines et, comme Camille qui lui a consacré un livre intitulé "Philippe" en 1994, Claire Lancel estendeuillée par la mort de son fils Tristan. C'est un 14 février, date anniversaire de ce décès, que la relation de Claire et Gilles bascule.
Au terme d'"autofiction", Camille Laurens préfère "écriture de soi" en hommage au "livre intérieur" de Marcel Proust, mais son désir d'écriture semble bel et bien animé parla volontéd’exprimer une vérité personnelle, Depuis "Dans ces bras-là" qui reçoit en 2000 le prix Femina et le prix Renaudot des lycéens, elle tire ce fil avec "L'Amour, roman" (2003), "Ni toi ni moi" (2006) puis "Romance nerveuse" (2010) jusqu'à ce dernier texte, pas directement inspiré de son vécu mais impitoyable dans son exposé des méandres de la psyché humaine.
C'est autour de l'idée du geste que la pratique de Camille Laurens a croisé celle de son invitée Najia Mehadji.Parce que le mouvement est fondamental dans la peinture et tout particulièrement dans l'œuvre de cette peintre franco-marocaine qui travaille depuis des années entre Ivry-sur-Seine en région parisienne etLamssasa, près d'Essaouira au Maroc et parce qu'il a inspiré à Camille Laurens un texte en écho à ses toiles:
"Noir c’est noir
Ou gris blanc.
La ligne fait et défait
la chaîne.
Le lien libère,
et
déchaîne .
Lignes de vie,
simplement,
croisées, interrompues,
circulaires.
Ondes électriques,
champs magnétiques.
On est dans le chant
du monde,
sa terre arable"
Camille Laurens, Geste(s)
Des vagues, des coupoles, des drapés mystiques, Najia Mehadji n'a de cessede rapprocher dans ses œuvres des symboles qui a priori s'opposent: Orient et Occident, passé et présent, art et artisanat.Depuis ses débuts, c’est toujours le même "profond désir de synthèse" qui est à l’œuvre chez celle qui explique travailler "de façon organique, par périodes qui s’enchaînent". La synthèse s'opère aussi entre son histoire personnelle et ce qui lui parvient de l’extérieur, comme le drame des migrants qui a inspiré sa série Vagues.
Du 1er février au 15 juin 2025, leMac Val de Vitry présentera une soixantaine de ses œuvres dans l'exposition “Mon amie la Rose."L'occasion de découverture despeintures, dessins, gravures et œuvres numériques réalisées depuis les années 90 jusqu'à aujourd'hui, dont sa série Rosebud qui remet la rose à l’honneur, "symbole d’offrande, d’amour, de beauté, d’éphémère, en contrepoint à la mort", pour manifester sa compassion pour la tragédie humaine en cours en Palestine et ailleurs.L'abstraction ne lui suffisait plus, elle métamorphose ici la rose avec une gestuelle tout en rondeur sur des toiles monochromes, et la fait surgir dans l'intensité du présent.
Reportage:
Cette semaine, Vincent Josse prend rendez-vous avec l'artiste plasticienne Prune Nourry, dont le projet "Vénus" est présenté du 11 janvier au 1er mars à la Galerie Templon (Paris). S'inspirant des vénus paléolithiques et traversant des milliers d'années jusqu'aux représentations les plus contemporaines des figures féminines, Prune Nourry a travaillé main dans la main avec la Maison des femmes de Saint-Denis fondée par Ghada Hatem, pour sculpter dans la terre les corps de huit femmes qui ont accepté de poser en reprenant les postures des vénus du passé. Visite guidée par l'artiste.

Conseils culturels:
- CamilleLaurens a souhaité partager à l'antenne une lecture récente:La faillede Blandine Rinkel chez Stock.
- C'est une exposition qui s'achève bientôt pour Najia Mehadji: l'Arte povera, jusqu'au 20 janvier à la Bourse de commerce.
- Vincent Josse annonce l'ouverture du recrutement pour la Maîtrise de Radio France:jusqu'au 22 janvier prochain, les enfants de 9 à 15 ans peuvent postuler aux auditions pour intégrer la Maîtrise sur l'un des sites de Paris ou de Bondy.
Programmation musicale:
- Juniore,Monumenta(2024)
- Cigarettes After Sex,Holding you, holding me(2024)
- Michel Delpech,Trente manières de quitter une fille (1979)